29 août 2007

Extrait




"Cornelia retint son souffle pendant que l'homme tournait la clé dans la serrure. Il en était toujours ainsi, songea-t-elle. Quelque chose ne collait pas si elle ressentait autre chose que de la nervosité, de l'excitation sexuelle, une peur bleue, la sensation de s'exposer à un danger, mais aussi celle d'être engagée à fond dans les événements qui étaient sur le point de se passer. Elle connaissait chaque risque, mais chaque fois qu'elle jouait à ce jeu dangereux, elle était consciente qu'une partie obscure d'elle même l'obligeait à retourner vers les eaux troubles de sa sexualité. Comme un dépendance qui aurait envahi chacune de ses cellules. Quoi qu'elle fit pour garder l'esprit rationnel, elle était obligée de reconnaître que cela faisait partie de son être le plus profond, et qu'elle n'avais aucun moyen d'échapper à cette emprise. Le pire était, bien sûr, la pleine conscience qu'elle avait de ce défaut majeur dans sa cuirasse.

"Dompteur d'Ange" ouvrit la porte.

- Entrez.

(...)

- Les femmes soumises me fascinent. Ce qu'elles vous permettent de faire, ce qu'elles en éprouvent, ce qu'elles cherchent en fin de compte

(...)

L'esprit de Cornelia était déjà curieusement absent, elle avait fait le vide, tandis que son corps l'avait précédé dans une autre dimension, anticipant les désirs et les ordres de l'homme, jusqu'aux plus sadiques, elle était maintenant branchée sur la seule douleur potentielle qu'il pouvait choisir de lui infliger. Elle tenta de se souvenir de la première fois où elle avait pris conscience des racines de la soumission en elle, enfouies au plus secret de son âme. C'était au début de son adolescence, se rappelait-elle, après avoir lu Histoire d'O et dévoré plusieurs romans d'Anne Rice à la suite, s'imaginant par procuration aux mains de Maîtres et de tortionnaires, devenant leur esclave consentante, leur jouet sexuel ou pire encore. Les vagues de plaisir si bien cachés derrière le rideau de la décence se mirent à déferler avec une telle fureur, une telle force durable et un tel potentiel de merveilleux qu'elle en oublia les livres pour toujours. Son imagination avait pris le dessus et possédait désormais le pouvoir de créer des images, des actes, des situations qui allaient encore plus loin, selon elle, que les romans sadomasochistes qui n'avaient servi que de déclencheur à ses émotions sexuelles.

(...)

Il n'y avait que cette expérience pour réveiller vraiment ses sens. Très vite, elle comprit, elle sut qu'il s'agissait là d'une partie d'elle même qui devait rester À tout jamais cachée, et elle prit dès lors toutes les précautions possibles pour que les deux parties ne se rencontrent jamais.

(...)

Elle appartenait à deux mondes. Qui ne devaient jamais se rencontrer. Internet, avec ses univers troubles et cachés, et sa facilité de communication était une véritable aubaine. Une moitié d'elle même se rendait compte combien la rivière qu'elle traversait était dangereuse, mais son âme savait également combien il lui était impossible de vivre privée des épisodes de soumission, de douleurs et d'humiliation ... "

Maxim Jakubowski, Confessions d'un pornocrate romantique

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