Deux extraits qui révèlent très bien le ton de ce roman que j’ai fort apprécié. Le contraste entre le langage bourgeois et les perversités décrites y est tout à fait savoureux.
Lettre du Marquis à la Duchesse :
« Vous me comblez, Madame, et vous me rendez ivre. Aucune femme ne m’a jamais apporté si complet bonheur, ni joie si absolue. Quand je vous quittes, je revis notre rencontre par la pensée et ma verge grandit encore, impatiente de vous retrouver. Je crains même que l’empire que vous possédez sur moi ne finisse par m’affaiblir. Votre soumission si entière vous fait régner sur mon cœur. Je frémis de cette passion et de cette chaleur qui ne cesse de m’animer dès que je pense à vous. Hier, je vous ai exprimé des prières auxquelles vous avez su répondre avec grâce et obéissance. Je ne croyais pas que ce fut possible. Je suis partagé entre le désir de requérir encore et la reconnaissance qui me bouleverse. Je découvre grâce à vous des voluptés que j’ignorais. J’ai peur de la place immense que vous occupez aujourd’hui dans mon existence. La seule chose qui me rassure est de savoir votre personne tout entière engagée comme je le suis moi-même. (…) Vous m’avez ébloui hier par votre courage et votre manière de vous soumettre à mes folies. Vous me poussez à imaginer de plus fous vertiges … »
Lettre de la Duchesse au Marquis :
« Vous m’avez mise sur la brèche, comme au bord d’un abîme, avec vos idées folles. Comment se peut-il que je vous suive dans tout vos excès ? Comment puis-je À ce point abdiquer ? Pour quelles raisons obscures et profondes, accepté-je de me livrer à vous dans une si complète soumission ? Je suis traversée parfois d’une terreur aiguë qui me plonge dans le désarroi. (…) J’ai atrocement peur que vous vous moquiez de moi, que vous vous jouiez de moi et de mon abandon, quand vous n’êtes plus à mes côtés. (…) Vous montrez tant d’assurance et de fermeté. Vous rayonnez avec une telle force et un tel tranchant que parfois j’en suis inquiète, comme abattue, craignant qu’un jour toute l’intensité de votre être ne s’emploie à me blesser. (…) Je l’avoue, j’ai peur de vous, je vous aime trop, je vous désire trop, je me soumet trop à la moindre ou à la pire de vos fantaisies … »
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